Cela reflète-t-il le niveau des étudiants maliens ?

 La télé réalité est un phénomène assez récent dans notre cher pays.  Les jeunes maliens comme tous les autres passent beaucoup de temps devant leurs postes de télévision, et avec la démocratisation des paraboles ils sont abreuvés de tous les programmes abrutissant proposés par les chaines étrangères. Ainsi au Mali il y a des fans de la StarAc, de la Maison des secrets, de la nouvelle star, le loft, les Chtis à Ibiza, de Nabila – Non mais allo quoi- et j’en passe.

Flairant le bon coup la chaine panafricaine africable s’est lancée dans la production de télé poubelle, mettant en scène des jeunes en « panne » de célébrité, en effet passer à la télévision attire toujours autant, chacun étant à la recherche de son petit quart d’heure de gloire. 

Jusque-là tout se passait sans polémique cependant la nouvelle trouvaille des génies d’Africable, « Case Saramaya, qui est la plus belle » fait grand bruit. Il s’agit d’un concours de beauté (Bon elles ne sont pas toutes belles mais là je m’égare) avec un jury qui pose des questions aux candidates. Et il n’y a pas à dire c’est une catastrophe.

Des étudiantes en Droit ou en médecine maitrisant à peine le Français, donnant des réponses stupides, et provoquant par la même les moqueries du téléspectateur. Il n’y a pas à être choqué par cela c’est la recette de la télé poubelle, ces candidates  passent un casting et l’objectif est de faire rire, de divertir. C’est moralement répréhensible évidemment dans la mesure où la chaine jette ces jeunes en pâture pour faire de l’audimat, cependant les filles sont consentantes donc on ne peut hurler à la manipulation, ni les blâmer, quoi que….

L’objectif n’est pas de procéder à une étude psychologique de la jeunesse malienne qui est peut-être en manque de repère, en manque de perspective d’avenir, mais les réactions à la suite de cette émission sont très intéressantes.

Certains dans les medias et sur les réseaux sociaux se sont empressés de prendre ces malheureuses comme exemple de l’échec du système éducatif malien. A mon sens c’est un peu expéditif. Certes l’école malienne a un problème, certes nous avons des bacheliers ayant des difficultés claires dans la maitrise de certains concepts, certes l’école malienne va mal, cependant il ne faudrait pas généraliser, ces jeunes filles ne représentent absolument pas la jeunesse malienne, et ne pourraient être prises comme preuve de l’échec d’un système.

Pour avoir fréquenté une école publique, au Mali, une école privée et le Lycée français, je peux dire que les élèves maliens ne sont pas moins brillants que les élèves des écoles privées ou françaises. La différence de niveau se fait lorsque les maliens vont faire leur études en France par exemple, et cela est plus lié aux différences dans les méthodes d’enseignement et d’apprentissage. Récemment un ami professeur dans une école supérieur au Mali me confiait que ses étudiants avaient besoin qu’on leur dicte les cours, car ils n’arrivent pas à effectuer une prise de note. Ce n’est pas un problème d’intelligence, c’est lié à nos méthodes d’apprentissage.  J’ai également fréquenté des étudiants maliens en France, très intelligents, doués mais qui avaient des difficultés liées à nos méthodes d’apprentissages trop scolaires qui ne vont pas vraiment avec les universités occidentales.

Il est vrai aussi lorsque l’on discute avec les chefs d’entreprises, responsables d’ONG ils vous diront tous la même chose : « On a un gros problème de compétence, donc des difficultés à recruter ». Mais cela est lié au fait que les formations au Mali ne correspondent pas aux demandes du marché du travail.

Alors Oui il y a des problèmes dans notre éducation, les écoles et le matériel sont vétustes, nos méthodes d’apprentissage datent des années 60, les jeunes sont désabusés et l’école n’est plus le lieu permettant une ascension sociale, tant le chômage ravage notre jeunesse, les classes sont saturées, les professeurs mal payés, mal formés etc…. Mais ces jeunes filles ne peuvent être représentatives de la jeunesse maliennes.

Il y avait certainement des filles très jolies et capables de raisonner, mais une belle fille intelligente ça ne fait pas vendre, ça ne fait pas l’audimat, ça ne fait pas parler. Et il est terrible d’admettre que si ces jeunes filles n’avaient pas donné des réponses aussi stupides, nous ne serions pas en train de parler de l’émission en question.

Ces émissions sont potentiellement toxiques pour la jeunesse, cette superficialité peut pour les moins armés d’entre nous contribuer à faire croire, qu’on n’a pas besoin d’être éduqué dans la vie tant il suffit d’être belle…Assez de Psychologie!….Et je ne vous parle même pas des « chasseuses de likes sur Facebook » toujours aptes à publier des photos d’elles dans des positions suggestives mais là encore je m’égare….

Case Saramaya aura au moins eu pour intérêt de lancer un débat sur l’éducation au Mali….Quelle chance !

 

Source : http://askiamohamed.wordpress.com/2014/01/29/affaire-case-saramaya/


Commentaires

16 Comments restants
Cheick Mahady SISSOKO il y a 10 années
C'est carrément clair que ça ne va pas changer quelque chose si on se contente juste de regarder la vidéo et rigoler, en plus ce n'est pas drôle c'est surtout choquant. Ça pourrait éventuellement stimuler les responsables de l'éducation du Mali qui pensent à l'avenir de leur pays d'essayer de faire quelque chose. Mais il faut reconnaitre que l'éducation est bafouillée des deux côtés, du côté des professeurs et des élèves avec les grèves incessantes qui ne donnent pas de lendemain.
Il faut tout simplement que le gouvernement se tourne vers l'éducation..
http://www.youtube.com/watch?v=mvLAwz9R1Yk
Aïssata Traoré il y a 10 années
belle chanson;) c'est clair que c'est une crise systémique.
Abdoulaye MAIGA il y a 10 années
Mais à part constater, qu'est que l'on peut concrètement faire nous en tant qu'Ingénieurs, doctorants etc...??
Oumou Diallo il y a 10 années
Elaye en mon sens, je pense qu'il serait bien d'aider ces personnes qui sont en difficultées en donnant des cours gratuitement pendant l'été pas seulement en Français mais aussi dans d'autres matières.Actuellement avec des amies de mon ancien lycée, nous envisgeons de monter une association qui aura pour but d'aider ces personnes, rien n'est encore décidé, mais pour y arriver nous aurions besoin de l'aide de plusieurs personnes motivées à aider ces jeunes :)
Hawa TRAORE il y a 9 années
coucou tout le monde
je rejoins oumou sur ce point, la même idée est entrain d'être mûrie par une équipe de boursiers dont je fais partie, s’il y'a possibilité qu'on s'associe, pourquoi pas?
Par contre je pense qu'on doit rester réaliste, pour avoir donné des cours de soutien à chaque vacance scolaire au Mali, mon constat est que le problème est assez profond, et n'est pas que de la seule faute du système éducatif ou même de ces élèves, les parents ont une part non négligeable dedans. Pourquoi je dis cela, parce que j'ai constaté lors de mes soutien que le gros problème pour ces élèves c'est la COMPREHENSION DE LA LANGUE FRANçAISE. Beacucoup n'ont pas eu la chance d'avoir des parents pouvant leur parler français, ou avoir à la télé des chaines européennes où ils regardent des dessins animés en français par exemple (ça aide bcp pour le français quand on est enfant) ou encore vivent dans un environnement où on entend que très rarement le français. En plus de ça, les parents ne prenant pas conscience que cela est un gros handicap, jettent toute la faute de la non réussite de l'enfant sur l'enfant lui-même! peu de parents suivent et assistent leur enfants .Au mali c’est presque rentré dans les pensées qu'il faut juste inscrire l'enfant à l'école et que par miracle l'école va le former toute seule! De pareils cas existent ! mais ils sont plutôt rares. Il y’a très souvent derrière de bons élèves soit des parents qui montrent à l’enfant que sa réussite est importante à l’école , ou alors un oncle, une tante qui a une vision et qui l’encourage! Même dans les pays développés où le français est la langue maternelle, les parents suivent leurs enfants quotidiennement (aide au devoir, ou cours de soutien quand ils ne peuvent pas) à plus forte raison chez nous où le français est parlé qu’à l’école.
Ce problème de la non-implication des parents n'est qu'un élément parmi plusieurs autres. Il y'a aussi le manque de modèle dans le milieu où ils vivent, donc très rapidement l'élève est découragé car ne voit pas l'intérêt de continuer à être assidu à l'école, d'autant plus qu'il ne comprend pas ce qu'on lui dit.Mais évidement ils y'a aussi des élèves qui ne veulent rien faire comme partout
Bref il ya pas mal de points, en échangeant les idées on pourra trouver des idées d'amélioration :)

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