Escrocs et bras gros (suite et Fin)

Le lendemain, sur le chemin du travail, Aziz se trouve coincé dans un embouteillage.
La cause : une belle voiture arrêtée sans apparente raison, enfin pour Aziz, car en réalité elle laissait passer une vieille mendiante avec deux enfants.

 

-Aziz : Mais c’est quoi ça ! Oh ! Il y a des gens qui ne valent pas la peine quoi ! Vous m’avez entendu, pas la peine !

-Une voix dans la circulation : La ferme !

-Aziz : Tu es où, petit con (il sort sa tête par sa vitre sans grande conviction en ses mots) ? Si je n’étais pas pressé, je te ferais ta fête. Mais pour qui est-ce que tu te prends ?

-La voix : Pour qui est-ce que tu te prends toi aussi ?

-Aziz : Moi, c’est Aziz Diallo, l’homme qui n’a peur de rien.

(À peine il finit ses mots qu’un « frou-frou » chaud vient lui tomber sur l’épaule qu’il étalait fièrement par la fenêtre.
Il sursaute, criant dans tous les sens avant de se reprendre et de monter sa vitre).

 

(Au grin, Alpha discute avec le nouvel ami qu’il s’est fait en dehors de son groupe : un témoin de Jéhovah.
Le thème du jour :
le pardon.)

 

-Témoin : « Et là, il réalisa le pouvoir libératoire du pardon », ( il prononce fervemment ces mots qui achèvent l’histoire qu’il lit dans son petit livre à Alpha).

-Alpha : Très belle histoire. C’est plus intéressant que l’histoire de Moïse qui marche sur l’eau d’une rivière.

-Témoin : Ça, c’est Jésus. Moïse a séparé l’eau d’un fleuve en deux.

-Alpha : Eau de rivière, eau de fleuve, eau de mer. C’est toujours de l’eau, (l’air très croyant).

-Témoin : Alpha, le pardon est salvateur pour l’âme humaine. Tu n’as jamais gardé de ressentiment au fond de toi contre quelqu’un ? Un être proche, un membre de la famille ou un ami ? C’est le moment de te libérer, de te délivrer du poids de la haine.

 

(Il acquiesce la tête comme un enfant qui cède à une requête.
Une histoire semble monter en lui).

 

-Alpha : Il y a quelqu’un. Un vieil homme, moustachu, au gros ventre avec sa ceinture … Le Commandant !

(Dégoût, haine et peur se retrouvent tous sur son visage, soudain).

-Témoin : Parle mon frère, libère-toi.

-Alpha : J’avais 12 ans à l’époque et comme tout gosse, j’adorais les mangues. Je partais alors sous les manguiers. Un jour le commandant m’a attrapé. Oh …, (il émet un soupir de douleur) ! Et il m’a fait ce que le lièvre fait souvent à l’hyène : il m’a humilié.

-Témoin : Il t’a forcé à manger les fruits de trois manguiers et t’a gardé au soleil puis il a appelé les enfants pour te voir entrain de faire ta petite affaire dans ta culotte ?

-Alpha : Comment est-ce que tu le sais, (il s’exclame, scandalisé) ?

-Témoin : Le boutiquier le racontait à l’instant aux enfants pour les effrayer des manguiers. Je ne savais que c’était toi. Je n’avais pas suivi le début de l’histoire. Une fille se débattait contre une fourmi ailée et enlevait son T-shirt.

(« Quel genre ce témoin de Jéhovah es-tu »).

-Témoin : Pardon, pardon, mon frère, pardon…, (il efface la mine vicieuse qui s’était installée sur son visage). La meilleure des choses à faire, c’est de pardonner, de réparer ce qui a été brisé.

-Alpha : Ma dignité et ma réputation ?

-Témoin : Non, enfin … ça aussi peut être. Mais je veux dire la relation que tu entretenais avec la personne.

-Alpha : La seule relation que j’avais avec le Commandant jusqu’à ce jour, c’était ses mangues. Oh, non. Il y avait aussi sa fille dans ma classe ; elle m’avait donné un surnom qui m’a suivi jusqu’au lycée, « mangoro boy ».

-Témoin : Tu dois partir voir ce Commandant, lui parler, lui accorder ton pardon, et me donner 1000 francs pour cette séance.

-Alpha : Quoi ?

-Témoin : Je plaisantais.

 

(Les deux ricanent ensemble. Plaisantait-il vraiment ?)

 

(Au bureau d’Aziz, c’est l’heure de la reine Kany.
Assise sur le bureau, à décortiquer ses arachides dont elle jette les coquilles partout, elle exaspère le maniaque Aziz qui les ramasse).

 

-Kany : Qu’est ce que je dois faire ?

-Aziz : Un d’abord, arrêter de salir mon bureau et deux, retourner à ton bureau pour faire semblant de travailler. Et trois, sortir avec ton patron n’est pas une bonne idée.

-Kany : Il veut seulement que je l’accompagne à la soirée des hommes affaires.



-Aziz : Il n’a pas de femme !

-Kany : Je ne sais pas. Peut être qu’elle n’est pas aussi jolie que moi…C’est juste un léger pot entre les businessmen de la capitale.

-Aziz : Oui. C’est comme ça que ça commence. Un pot puis une sieste dans une chambre d’hôtel puis une grossesse. C’est comme ça que mon patron a pris trois de ses quatre femmes. Quatre même quand on y ajoute la maîtresse qui a un bâtard de lui et une villa dans une cité résidentielle.

-Kany : Ton patron fait ça pour des filles et tu ne m’en as rien dit(elle rouspète en balançant sur Aziz sa poignée de coquilles d’arachide vides) !

-Aziz : Est-ce tu as pensé au jour où ça se terminera entre vous deux ? Il pourra te virer, sans parler de ta réputation qui sera salie. Tu as pensé à tes collègues ? Si tu fais ça, tu ne risques pas d’avoir des amis parmi eux.

-Kany : Ça, c’est vrai. J’ai déjà l’impression qu’ils ne m’aiment pas beaucoup. Et je ne sais pas pourquoi.

-Aziz : Moi non plus

(Ironiquement pendant qu’il ramasse les coquilles par terre).

-Kany : C’est quoi cette tâche sur ta chemise ?

-Aziz : Oh…

(Des applaudissements viennent de la salle d’accueil.
Les deux amis s’amènent au spectacle).

 

-Patron : Voici, Massiré. Il est là pour assister Koné & Co dans le dossier de Malibah S.A. Il nous vient de New York où il travaille dans un cabinet célèbre. Son affaire est prioritaire et requiert l’attention de tout le monde.

-Aziz : (il chuchute à Kany) Ça veut dire dans son langage à lui que s’il vous voit avec autre dossier que celui là, vous risquez d’être viré.

-Patron : Votre disponibilité sera appréciée.

-Aziz : Votre prime de fin d’année en dépend.

-Patron : Merci et je compte sur vous pour un travail d’équipe.

-Aziz : N’oubliez pas de faire le « koko » auprès de mon fils ; (d’un air grincheux mais d’une voix toujours basse) ça aussi ça compte.

(C’est alors que le patron commence à présenter les employés à Massiré.
Quand celui-ci se tourne vers Aziz, il le reconnaît tout de suite).

 

-Patron : Et lui, c’est…

-Aziz : Aziz … Diallo.

-Massiré : Aziz Diallo comme dans « Aziz Diallo, l’homme qui n’a peur de rien ».

-Aziz : Vous devez vous méprendre.

-Massiré : Non, c’était vous. Vous criez que vous êtes Aziz Diallo et que vous étiez un homme qui n’a peur de rien. C’était juste avant que la vieille qui passait ne vous jette un « frou-frou » à la figure.

-Kany : C’est ça qui a fait cette tâche ?

(Aziz s’efforce de faire signal à Kany avec un petite tape sur l’épaule mais celle-ci contenue à l’enfoncer).

-Massiré : Je suis ravi de vous revoir. Je suppose que vous allez tenir votre parole et me filer cette raclée promise. Que diriez-vous du vendredi après-midi ?

(Tous les regards se dirigent soudain vers Aziz. Un non n’aurait pas été humiliant si Fanta, la secrétaire du quatrième, sa copine, n’était pas du public. Un acquiescement s’exprime de sa tête après la vigoureuse poignée de main avec Massiré, douloureuse poignée qui n’était qu’un simple avant goût de ce qui pouvait l’attendre).

Dr. Fousseynou BAH
(Publier dans Fereba 5, mars 2010)

 

? À découvrir :   « Ah les docteurs ... ces salauds ! »? [ Une petite histoire drôle, amusante, captivante ? qui reflète quelques aspects de la société Malienne. On n’en dit pas plus :-) ]

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Samory Touré

Samoury Touré

Samory Touré

[1830-1900] La stratégie militaire au service de la résistance à la pénétration française

 

Dans cette suite de l’exploration du passé de notre pays, nous nous intéressons à la vie de Samory Touré à travers ses conquêtes et son apport en matière d’administration militaire et territoriale. Ce génie tactique vénéré par les Guinéens et les Maliens - mais qui fait partie du patrimoine historique de toute l'Afrique - a participé au renouveau de la stratégie militaire dans sa longue résistance à la pénétration française sur les territoires de ce qui allait devenir le Soudan français et la Guinée. En effet, Samory aura été l'un des derniers remparts à l’entrée du colonisateur, et sa capture en 1898, puis sa mort 2 ans plus tard, ont consacré l’occupation totale des territoires du Mandé. De le présent billet, nous faisons le parti pris délibéré d'évoquer Samory sous l'angle de la résistance. Il est cependant nécessaire d'apporter une importante nuance en rappelant que, à l'instar des autres résistants dont El Hadj Omar Tall, les chefs de guerre ont d'abord été des conquérants sur les territoires africains. Et que de ce fait, ils sont autant loués que haïs, d'une contrée à l'autre. 

L'ascension d'un chef de guerre "keletigui massa"

C’est vers 1830 que naît Samory à Miniambalandougou, près de Kankan (actuelle Guinée) d’un père colporteur Dioula et d’une mère malinké animiste. A 18 ans, c’est dans le commerce ambulant de marchandises qu’il se distingue. Pour libérer sa mère Masorona Kamara, capturée par Séré-Burlay  vers 1850 et mise en captivité, il s’engage au service des Cissé, le clan de Burlay. C’est alors que Samory entre en contact avec l’Islam. Une religion dont il sera un fervent pratiquant, au point qu'on l'appellera l'Almamy, l'Imam en Dioula. Le futur stratège militaire y apprend également le maniement des armes. La tradition voudrait qu’il fût resté 7 années, 7 mois, et 7 jours avant de s’enfouir avec sa mère.

Sa vocation de militaire désormais connue et préférée à sa vocation familiale de commerçant, Samory expérimente ses qualités de combattant dans la forte armée des Bérété, une faction rivale de celle des Cissé. Mais l’ambition le dévorant, il s’empressa de quitter les Bérété après deux ans. Cette fois-ci, c’est vers les siens, les Kamara, qu’il se tourne, un peuple impuissant face aux clans des Cissé et des Bérété. En leur promettant de les défendre contre toute agression, il prête serment officiellement à Dyala en 1861, liant par là même le sort de son clan au sien. Il est alors reconnu ‘Kélétigui’ (chef de guerre), premier échelon de sa fulgurante ascension vers les sommets militaires puis politiques.

On doit au fondateur de l’empire du Wassoulou la professionnalisation de l’armée. Ainsi, la fondation de cet empire passera par l'institution d'une armée de métier, dont les postes de commandement sont confiés à ses proches : frères et amis d’enfance. S’en suivront alors des conquêtes sanguinaires. La gestion politique de ces nouveaux territoires se faisait de façon centralisée, et, grâce à une gestion ferme, le grand territoire conquis par Samory tenait. 

Contexte économique et politique

La deuxième moitié du XIXe siècle est particulièrement marquée par des tensions politiques du fait des guerres de conquête internes, et surtout de la pénétration française qui a commencé au début du siècle. Du point de vue commercial, le marché traditionnel (échange d’or, d’esclaves, de noix de kola tirés des pays forestiers, contre des armes et des tissus des pays méditerranéens et sahéliens, le sel saharien et le bétail) se densifie avec l'introduction de nouvelles armes à feu. 

Conquêtes

Samory tentera de mettre à profit cette situation commerciale. Là où certains voient l'opportunité d'enrichissement, d'autres - comme l'Almamy - préfèrent accéder aux outils de la guerre. Il en profite alors pour renforcer son arsenal au nom de la conquête et de la sécurité des territoires déjà acquis. La distribution des prises de guerre et des profits commerciaux sera l’arme de l’Almamy, qui réussit à réunir autour de lui un maximum de dépendants qui lui seront très vite dévoués. En redoutable chef de guerre, la première habileté tactique de Samory a consisté en l’alternance de la guerre et de la diplomatie : il menace, s’allie à ses voisins, signe des pactes de paix, puis les trompe tous, tour à tour. C’est par cette ruse qu’il a réussi à dominer les Bérété, les Cissé, les Kaba de Kankan et bien d'autres clans. Comme beaucoup de chefs de guerre avant lui, il s'est organisé pour faire une guerre à la fois. Hitler fera de même avec la Russie de Staline: d'abord le pacte, le temps d'avancer à l'Ouest, puis violation des accords, à la conquête de l'Est. 

Samory met en pratique un des enseignements connus de la longue histoire des conquêtes et de la théorie politique (Macchiavel), en matière de gouvernance des territoires conquis dans la guerre. En effet, Samory respectait l’organisation politique des peuples qu'il conquérait et les maintenait intactes leurs structures traditionnelles. On peut voir là un similitude avec les pratiques de l’empire romain, qui, lui aussi, en dépit de la centralité de Rome, avait en son sein des pratiques religieuses et culturelles très diversifiées dans ses différents points cardinaux. Son projet religieux imposait toutefois l’islamisation des populations vaincues. En termes de gestion politique, l’empire du commandeur des croyants, est très centralisé. Il est dirigé depuis la capitale, Bissandougou, via une administration forte et efficace. L’armée de Samory fabriquait elle-même ses armes par imitation des fusils de traite, mais était également ravitaillée en armes modernes par la côte.

Stratégies de la résistance de Samory 

Alors que son empire encore en construction, Samory va "croiser le feu" face aux troupes françaises et se trouvera en guerre contre des hommes dotés de moyens militaires sophistiqués. Dans sa résistance contre l’armée coloniale française, l’Almamy mènera une guerre intelligente qui durera une décennie.

La technique de guerre de Samory consiste en une politique de la terre brûlée, qui consiste à détruire les campements et villes que quittent ses hommes, afin que l’adversaire ne puisse pas profiter des installations, tout en lui barrant la route. C’est ainsi qu’il parvint à organiser sa résistance dans la discontinuité des petites batailles. Conscient des limites de ses forces, il sut faire dure la résistance qui aurait été bien plus courte si la guerre n'avait pas été "nomade". Parallèlement à cette guerre, il mena quelques dernières conquêtes sur sa route. 

Comme tous les autres résistants, Samory allait finir par capituler devant l'armée française. Une traque est lancée contre lui, après le massacre d’une colonne française commandée par le capitaine Menard. C'est ainsi que le capitaine Gouraud parvint à le capturer le 29 septembre 1898. Samory est ensuite déporté au Gabon. C’est là qu’il mourut en captivité le 2 juin 1900, des suites d'une pneumonie.

Mémoire

Nous avons choisi de vous narrer la trajectoire d'un résistant. Mais Samory Touré était un homme complexe. Là où d'aucuns parlent d'un résistant, beaucoup de peuples se remémorent les conquêtes sanguinaires, l'imposition de l'Islam par la guerre, ou encore l’exécution de son fils Dyaulé Karamogho que l’Almamy soupçonnait d’être du côté des Français dont il a visité le pays. 

Il en va de Samory comme des autres grandes figures de l'Histoire. Il est impératif de saisir leur complexité, et de les connaître "entièrement". C'est seulement une fois cet exercice effectué que nous saurons quoi retenir de leur histoire, car cette dernière seule peut nous éclairer sur ce qui vient, sur notre avenir. 

Références : 
www.wikipedia.fr

manrci.free.fr

Publié dans Fereba 5 (mars 2010) par
Niandou TOURE

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Cela reflète-t-il le niveau des étudiants maliens ?

 La télé réalité est un phénomène assez récent dans notre cher pays.  Les jeunes maliens comme tous les autres passent beaucoup de temps devant leurs postes de télévision, et avec la démocratisation des paraboles ils sont abreuvés de tous les programmes abrutissant proposés par les chaines étrangères. Ainsi au Mali il y a des fans de la StarAc, de la Maison des secrets, de la nouvelle star, le loft, les Chtis à Ibiza, de Nabila – Non mais allo quoi- et j’en passe.

Flairant le bon coup la chaine panafricaine africable s’est lancée dans la production de télé poubelle, mettant en scène des jeunes en « panne » de célébrité, en effet passer à la télévision attire toujours autant, chacun étant à la recherche de son petit quart d’heure de gloire. 

Jusque-là tout se passait sans polémique cependant la nouvelle trouvaille des génies d’Africable, « Case Saramaya, qui est la plus belle » fait grand bruit. Il s’agit d’un concours de beauté (Bon elles ne sont pas toutes belles mais là je m’égare) avec un jury qui pose des questions aux candidates. Et il n’y a pas à dire c’est une catastrophe.

Des étudiantes en Droit ou en médecine maitrisant à peine le Français, donnant des réponses stupides, et provoquant par la même les moqueries du téléspectateur. Il n’y a pas à être choqué par cela c’est la recette de la télé poubelle, ces candidates  passent un casting et l’objectif est de faire rire, de divertir. C’est moralement répréhensible évidemment dans la mesure où la chaine jette ces jeunes en pâture pour faire de l’audimat, cependant les filles sont consentantes donc on ne peut hurler à la manipulation, ni les blâmer, quoi que….

L’objectif n’est pas de procéder à une étude psychologique de la jeunesse malienne qui est peut-être en manque de repère, en manque de perspective d’avenir, mais les réactions à la suite de cette émission sont très intéressantes.

Certains dans les medias et sur les réseaux sociaux se sont empressés de prendre ces malheureuses comme exemple de l’échec du système éducatif malien. A mon sens c’est un peu expéditif. Certes l’école malienne a un problème, certes nous avons des bacheliers ayant des difficultés claires dans la maitrise de certains concepts, certes l’école malienne va mal, cependant il ne faudrait pas généraliser, ces jeunes filles ne représentent absolument pas la jeunesse malienne, et ne pourraient être prises comme preuve de l’échec d’un système.

Pour avoir fréquenté une école publique, au Mali, une école privée et le Lycée français, je peux dire que les élèves maliens ne sont pas moins brillants que les élèves des écoles privées ou françaises. La différence de niveau se fait lorsque les maliens vont faire leur études en France par exemple, et cela est plus lié aux différences dans les méthodes d’enseignement et d’apprentissage. Récemment un ami professeur dans une école supérieur au Mali me confiait que ses étudiants avaient besoin qu’on leur dicte les cours, car ils n’arrivent pas à effectuer une prise de note. Ce n’est pas un problème d’intelligence, c’est lié à nos méthodes d’apprentissage.  J’ai également fréquenté des étudiants maliens en France, très intelligents, doués mais qui avaient des difficultés liées à nos méthodes d’apprentissages trop scolaires qui ne vont pas vraiment avec les universités occidentales.

Il est vrai aussi lorsque l’on discute avec les chefs d’entreprises, responsables d’ONG ils vous diront tous la même chose : « On a un gros problème de compétence, donc des difficultés à recruter ». Mais cela est lié au fait que les formations au Mali ne correspondent pas aux demandes du marché du travail.

Alors Oui il y a des problèmes dans notre éducation, les écoles et le matériel sont vétustes, nos méthodes d’apprentissage datent des années 60, les jeunes sont désabusés et l’école n’est plus le lieu permettant une ascension sociale, tant le chômage ravage notre jeunesse, les classes sont saturées, les professeurs mal payés, mal formés etc…. Mais ces jeunes filles ne peuvent être représentatives de la jeunesse maliennes.

Il y avait certainement des filles très jolies et capables de raisonner, mais une belle fille intelligente ça ne fait pas vendre, ça ne fait pas l’audimat, ça ne fait pas parler. Et il est terrible d’admettre que si ces jeunes filles n’avaient pas donné des réponses aussi stupides, nous ne serions pas en train de parler de l’émission en question.

Ces émissions sont potentiellement toxiques pour la jeunesse, cette superficialité peut pour les moins armés d’entre nous contribuer à faire croire, qu’on n’a pas besoin d’être éduqué dans la vie tant il suffit d’être belle…Assez de Psychologie!….Et je ne vous parle même pas des « chasseuses de likes sur Facebook » toujours aptes à publier des photos d’elles dans des positions suggestives mais là encore je m’égare….

Case Saramaya aura au moins eu pour intérêt de lancer un débat sur l’éducation au Mali….Quelle chance !

 

Source : http://askiamohamed.wordpress.com/2014/01/29/affaire-case-saramaya/

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Escrocs et bras gros

Les amis sont au grin: Kany est avec son petit panier d’arachide, Alpha : fait le thé, et   Aziz:  pousse de légers sourires pendants qu’il consulte des messages sur son téléphone portable.

 

-Kany : Tu veux bien m’aider à faire un petit calcul…mentalement, vite fait ?

-Alpha : Vas-y.

-Kany : Je parlais à…

Aziz est toujours concentré sur son téléphone. Voyant Alpha, un peu chiffonné,
Kany tente sa chance quand même
.

-Kany : D’accord. Mamou Kanté me devait 10.000 francs pour mes encens. Et vendredi dernier, c’était le dernier délai ; à partir de là, chaque jour lui coûte un supplément de 50 francs.

-Alpha : C’est facile ça.

-Kany : Ce n’est pas fini. Bintou Coulibaly me doit 20.000, et pour les 20.000 le taux d’intérêt est de 100 francs, Djénéba Sinta, 40.000 – taux de 200 – Moïse, 5.000 francs – taux à 25 –.

            Aziz se met à calculer sur son téléphone.

-Alpha : 1.500 francs de taux d’intérêt on te doit aujourd’hui. En supposant qu’ils te remboursent tous avec le principal, tu auras 76.500 francs. Mais s’ils trainent jusqu’à samedi, ce qui je suppose t’arrange car tu as un mariage dimanche, alors tu auras 3.000 francs d’intérêt. Ça fait un petit retour en taxi. Si tu te fais déposer, ça pourrait payer un petit « dibisogo ».

            Aziz et Kany sont tous les deux estomaqués.

-Kany : Tu as une nouvelle potion ? (Alpha acquiesce avec un large sourire). Mais qu’est-ce que tu as avec ce fichu téléphone (elle arrache à Aziz son téléphone et lit le message). « Tu m manke bcp, G a-T 2 t voir mon chou…sexy ». Sexy ? C’est quoi ce…C’est ta secrétaire qui t’envoie ces messages cochons ? C’est comme ça qu’elle compte monter en grade ?

-Aziz : Un, ce n’est pas une secrétaire, c’est un « agent d’accueil ». Et deux, il n’y a rien de cochon…

-Kany : « Tè bra gro et fore me manke ». Bras gros et forts ? Tu as raison, ce n’est pas cochon. C’est juste…loin de la vérité !

Kany et Alpha éclatent de rire.
Un cycliste freine net devant eux.
Il enlève son casque : c’est Moïse.

-Aziz : Moïse, le Tour de France, c’est en Juillet. Et les Jeux Olympiques, dans trois ans. Et le Tour du Mali, on attend toujours qu’on l’invente, celui-là.

-Moïse : Einstein, nous ne sommes pas tous comme toi. Certains prennent plaisir à prendre soin de leur santé, à exercer une activité physique pour entretenir leur système cardiovasculaire…

-Kany : Elle s’appelle comment ?

-Moïse : Quoi ? Vous ne croyez donc pas que… (Il voit qu’on a décelé l’imposture derrière son discours) : Walett.

-Alpha : C’est pour cela que tu es partout à vélo. Tu es parti vers l’aéroport hier, n’est-ce pas ?

-Aziz : Et j’ai cru te voir avant-hier sur le pont.

-Kany : Et moi j’aimerai connaître le rapport avec cette Walett.

-Moïse : C’est une mordue de sport. Elle est passée à mon garage une fois pour que je la dépanne.

-Kany : Quoi ? A ce point ? Elle va chercher des hommes dans la rue ?

-Moïse : Non ! Un pneu de son vélo était crevé ! Je l’ai dépanné et depuis elle passe souvent pour un contrôle, pour discuter ou pour boire un peu d’eau (il s’arrête).

-Kany : Et ?

-Moïse : Elle m’a montré les joies du sport et j’ai réalisé que…

-Aziz : Il n’arrive pas à conclure, alors il fait recourt à l’ « Immersion ». Il entre dans son monde à elle, s’adapte à son environnement, s’ajuste à son mode de vie. C’est une technique de prédateur…

-Alpha : On le sait déjà, Aziz, tu es bon avec la théorie (« Tais-toi ! » en langage codé) !

-Kany : Vraiment, elle te résiste à ce point ?

-Moïse : Ouais. Si seulement, je parlais Tamachek pour pouvoir l’impressionner !

-Kany : Elle est Tamachek ?

-Moïse : Oui.

-Kany : Et elle adore rouler à vélo ?

-Moïse : Oui.

-Kany : Waouw, l’ordre de l’univers se bouleverse, on dirait. Lui (Alpha), il sait faire des maths. Certaines disent que lui (Aziz), il est « sexy ». Et apparemment les Tamachek font du vélo dans le désert !

-Aziz : Et il ne manque plus qu’une chose : que toi, tu trouves un mari !

 

à suivre ...

 Publier dans Fereba 5 (mars 2010) par Fousseynou BAH.

 

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